Louis, Georges, Bavay (dit Tilou) est le fils de Louis, Auguste, Bavay. Tilou est né, le 25 janvier 1922, dans le 10e arrondissement parisien, 31 rue Corbeau. En 1935, La famille Bavay s’installe à Montluçon. Le père Bavay y tient un magasin d’articles de pêche, place des Trois Ayards. En 1935-1936, il rejoint les communistes et se montre de plus en plus actif dans le parti. Son fils partage ses idées politiques. Pendant la drôle de guerre, Tilou est à l’école à Vichy. A l’été 1940, les Bavay cachent dans leur maison du Pont-Vert un député communiste en fuite, Albert Rigal. Ce dernier aide l’entourage de Bavay-père à imprimer des tracts contre le régime de Pétain. Le 8 octobre 1940, une perquisition a lieu chez les Bavay et le père est arrêté. C’est une période particulièrement difficile pour la famille. Le commerce d’articles de pêche ne fonctionne plus du fait de la guerre et Tilou, qui est mécanicien, se fait embaucher en décembre dans une fabrique de réchauds et de radiateurs électriques. Parallèlement, il distribue des tracts pour les Jeunesses communistes qui s’organisent à Montluçon. Son père est libéré au printemps 1941.
En septembre 1941, les JC donnent l’ordre à Louis (Georges) de suivre son usine à Caluire, dans la banlieue lyonnaise. Tilou loue un local afin de fournir de fausses cartes d’identité et d’entreposer des tracts. Les JC le font revenir en décembre à Montluçon où le père a continué lui aussi ses activités de militant illégal. Lors des rafles anti-communistes de janvier 1942, les deux Bavay sont arrêtés. Louis (Auguste) est libéré, mais Tilou est interné au Centre de Séjour Surveillé de Nexon (Haute-Vienne). Libéré le 31 mars 1942, il rejoint le 10 avril le Chantier de Jeunesse n° 34 à Mézières-en-Brenne (Indre) où il reste sept mois. Les JC le charge d’animer politiquement le groupe de jeunes, mission que reprend par la suite Robert Gagne. Tilou revient à Montluçon le 10 novembre 1942, un jour avant l’invasion de la zone dite libre. Entre-temps, son père a créé le groupe armé FTP de Montluçon-Ville. Louis (Georges) participe à l’organisation de la manifestation populaire du 6 janvier 1943 contre la réquisition forcée de travailleurs pour l’Allemagne.
Après la manifestation, où il joue un rôle déterminant aux côtés de son groupe de JC, il est conduit à Buxières-les-Mines par Victor Cabannes qui le cache. Son père est arrêté deux jours plus tard. Au printemps 1943, Bavay-fils continue le combat à Meillard. Avec Georges Gavelle, et l’appui de la population locale, il est à l’origine du maquis de Saint-Pourçain-sur-Sioule (le camp Hoche). Situé à une quarantaine de kms de Vichy, c’est l’un des premiers maquis FTP de l’Allier. A la recherche d’un lieu plus sauvage et plus sûr, le groupe finit par s’installer dans la forêt des Colettes. Tilou (alias Robert) a désormais la charge pour les JC de six départements (Allier, Creuse, Cher, Puy-de-Dôme, Cantal, Haute-Loire). Il doit prendre contact avec les maquis déjà constitués et voyage beaucoup.
Le 26 septembre 1943, il est arrêté à Gannat avec Jacques Guillien (alias Ernest). Il est d’abord interné à Clermont-Ferrand, puis à Riom et Eysses (Lot-et-Garonne) où il arrive le 1er janvier 1944. Il participe à la tentative d’évasion collective du 19 février 1944. Il fait semblant de jouer au basket avec Jacques afin de pouvoir couper les fils téléphoniques. Les détenus se rendent maîtres de l’intérieur de la prison, mais ne peuvent en sortir. Ils finissent par se rendre au matin du 20 février.
Le 30 mai, c’est le départ pour Compiègne où Louis (Georges) arrive le 2 juin, avant d’être déporté, le 18, à Dachau. Il reçoit le matricule 73 062. Après la quarantaine, il est affecté au kommando de Landsberg avec beaucoup d’autres anciens d’Eysses. Les détenus sont chargés de remettre en état un terrain d’aviation bombardé par les Alliés. Les conditions de vie sont difficiles, mais les gardiens sont de vieux soldats de la Luftwaffe et les mauvais traitements sont assez rares. En avril 1945, devant l’avancée des Alliés, les Allemands décident de faire partir les détenus à pied vers Dachau, situé à 70 km environ au nord-est. Le voyage dure trois jours et trois nuits. Pour finir, Tilou ne rejoint pas Dachau, mais le kommando d’Allach où il arrive vers le 25 avril.
Dachau est libéré par les Américains le 29 avril 1945, Allach le 30 avril. Les Américains mettent les détenus en quarantaine à cause du typhus. Tilou décide de s’enfuir avec quelques camarades. Parti du camp le 10 mai, il arrive à Strasbourg trois jours après. Il prend ensuite le train pour Paris où il passe par l’hôtel Lutetia. C’est là qu’il apprend la mort de son père survenue à Buchenwald le 24 ou le 26 décembre 1944. Il n’a jamais su la date exacte. En octobre 1945, Il se marie avec Odette Guillien, la sœur de Jacques (revenu lui aussi de déportation). Louis, Georges, Bavay décède le 6 décembre 1993 à Neuvy-Pailloux (Indre), Odette le 26 janvier 2016 à Montluçon.
Source : entretien de Jean et Suzanne Bidault avec Tilou et Odette Bavay le 22 mai 1985.
Louis, Georges, Bavay en 1965