Pierre Kaan est né le 10 janvier 1903 à Paris. Son père, militant socialiste attaché à la laïcité, ne pratiquant pas la religion hébraïque de ses ancêtres, il est baptisé catholique, religion de sa mère. Bachelier à 16 ans, licencié en philosophie à dix-huit ans, il soutient son diplôme d’études supérieures sur Nietzsche en 1923.

Il adhère au communisme mais finit par quitter le parti par anti-stalinisme. À la rentrée 1938, il est nommé professeur de philosophie au lycée de Montluçon où il milite ouvertement contre Hitler. En juin 1940, il tente en vain de rejoindre la France Libre à Londres. En 1941, il refuse de présenter son acte de baptême conformément au second statut des juifs, et perd son poste. Il s’engage alors dans la Résistance et contribue à organiser Libération-Sud dans l’Allier, entre en relation avec le mouvement Franc-tireur et avec des militants du journal CombatVers avril 1942, il prend la tête d’un service de renseignements. Chargé des repérages des terrains d’aviation, il prend part à la réception des premiers parachutages dans le Cher et l’Allier. Il est l’un des organisateurs de la manifestation du 6 janvier 1943 contre la réquisition forcée. Repéré alors par les renseignements généraux, il échappe de peu à l’arrestation et entre dans la clandestinité. Il rejoint Jean Moulin et contribue à la coordination des actions de la Résistance intérieure et à sa liaison avec la France Combattante.

Fin décembre 1943, il est arrêté par la Gestapo. Ses parents, arrêtés quelques jours plus tard, meurent en déportation. Torturé, il est déporté en Allemagne en avril 1944 à Auschwitz, à Buchenwald puis près de Leipzig dans un camp qui sert d’hôpital. Début 1945, il est transféré dans un autre camp où les conditions de vie sont épouvantables, qui est bombardé par les Alliés. Pendant l’évacuation, les détenus meurent de faim et de froid. Pierre Kaan tente de s’évader. Blessé, il est repris. Il est libéré le 8 mai 1945, mais très affaibli par un ulcère à la jambe, il meurt à l’hôpital de Budejovice (République Tchèque).

Pierre Kaan reçoit la Légion d’honneur à titre posthume en 1946. Depuis 1947, une plaque porte son nom dans la cour du collège Jules Ferry de Montluçon où une place lui a été dédiée en 1982. Deux autres plaques ont été apposées devant et dans l’école Emile Zola, où enseignait l’épouse de Pierre Kaan, et logeait la famille.

E. Gagne