Le 9 mai (2025), cinq amies australiennes ont achevé leur Nancy Wake Memorial Ride, à Verneix (Allier). Ce trajet à vélo a été conçu pour hommage à une grande figure de la Résistance, Nancy Wake. Ce circuit a fait passer les cyclistes australiennes par Saint-Genès-Champanelle (Puy-de-Dôme), Saint-Gervais-d’Auvergne, Montmarault (Allier), Montluçon, Saint-Amand-Montrond (Cher), Bourges, Issoudun (Indre), Châteauroux, la Châtre, Verneix. Les cinq femmes et leurs deux accompagnatrices ont pris le temps de nous rendre visite lors de leur passage à Montluçon et nous étions là lors de la cérémonie de Verneix. Une délégation australienne, les enfants des écoles et les anciens combattants étaient également présents lors de ce grand moment. Qui était donc Nancy Wake ? Pourquoi le vélo ?
Née en Nouvelle-Zélande le 30 août 1912, Nancy Grace Augusta Wake grandit en Australie. Elle fugue à 16 ans, devient infirmière, part pour New York, puis Londres où elle s’initie au journalisme. Dans les années 1930, elle s’installe à Paris. Elle est correspondante pour un groupe de presse américain. Lors d’un voyage à Marseille en 1936, elle rencontre l’industriel français Henri Fiocca qu’elle épouse le 30 novembre 1939.
Le couple s’engage en résistance. Nancy aide des soldats britanniques à regagner le Royaume-Uni via l’Espagne et devient messagère. La Gestapo la recherche, mais ne connaît pas l’identité de celle qu’elle surnomme la « Souris blanche », tant elle leur échappe. Nancy est bien arrêtée et torturée, mais elle garde le silence. Les Allemands finissent par la relâcher. Son mari a moins de chance. Arrêté, il meurt en détention le 16 octobre 1943. Nancy ne découvre le sort de son mari qu’après la guerre. Torturé à mort, il ne l’a jamais dénoncée.
Après une tentative avortée à travers les Pyrénées, Nancy gagne l’Angleterre en 1943. Elle rejoint les opérations spéciales britanniques du SOE. Au printemps 1944, elle est parachutée en France, au sud-ouest de Cérilly (Allier), pour rejoindre les maquis d’Auvergne et préparer le débarquement allié. Téméraire et courageuse, elle n’hésite pas à payer de sa personne. Elle parcourt même plusieurs centaines de kilomètres à bicyclette pour aller chercher un opérateur radio. Dans son livre rédigé beaucoup plus tard, «The White Mouse », elle raconte avec beaucoup de détails, cet exploit physique qui l’a beaucoup marquée. Nancy, d’après certains témoignages, aurait participé à l’attaque de l’hôtel de l’Écu de Montluçon (27 juillet 1944). Elle est présente à la bataille de Bouillole du 8 août 1944. Les guerilleros, qui ont participé à cette bataille, ont gardé un très bon souvenir de cette femme intrépide. Lors de la cérémonie de Verneix, nous avons tenu à présenter leur drapeau.
En 1948, Nancy regagne l’Australie. En 1957, elle épouse un pilote de la Royal Air Force, John Forward. Le couple revient en Australie dans les années 1960. Veuve, Nancy Wake s’installe à Londres en 2001. Elle y meurt le 7 août 2011. Selon son souhait, ses cendres sont dispersées en 2013 dans un bois de Verneix. Le château de Fragne, à Verneix, à une quinzaine de km de Montluçon, a en effet servi de base à la Résistance.
Source : « The White Mouse » paru en 1985. Traduction française de 2001 : « La Gestapo m’appelait la souris blanche – Une Australienne au secours de la France ».