loi du 4 septembre 1942
Affiche réalisée en 2008 par Laurent Rabier pour notre exposition sur la Résistance montluçonnaise
Cette loi est importante pour l’histoire de la Résistance bourbonnaise. Elle met, en effet, en place la réquisition des travailleurs, mesure contre laquelle s’élève, le 6 janvier 1943, la population montluçonnaise. Elle est souvent confondue avec celle du 16 février 1943, qui instaure le Service du Travail obligatoire (le STO). Il convient donc de rappeler les spécificités de cette loi.
Les besoins de main-d’œuvre de l’Allemagne nazie vont croissants au cours de la guerre. Or, le volontariat, ou départ volontaire des travailleurs, est un échec en France, principale réserve de main-d’œuvre qualifiée. Le nombre de volontaires partis travailler en Allemagne avant le 1er juin 1942 ne dépasse guère les 150 000.
Pierre Laval, revenu au pouvoir le 18 avril 1942 et désireux de satisfaire à tout prix l’Allemagne nazie, propose en mai l’échange d’un ouvrier contre un prisonnier paysan. Cela ne suffit pas aux nazis. En juin, Hitler réclame trois ouvriers spécialistes contre le retour d’un prisonnier de guerre paysan. C’est la Relève. Jean Bichelonne, ministre chargé de la production industrielle, déclare en juillet : « Vous savez […] que le chef du gouvernement (Laval) a signé, le 2 juillet dernier, une circulaire importante dans laquelle il a demandé qu’à côté du recrutement individuel effectué par les bureaux allemands et les offices du travail français, on envisage, pour satisfaire le problème de la Relève, la constitution d’équipes complètes qui seraient mises à la disposition d’usines allemandes correspondantes. » Ces nouvelles dispositions permettent donc de passer du volontariat individuel à un soi-disant volontariat collectif. La Relève se révèle très vite être, elle aussi, un échec.
Le 22 août 1942, Fritz Sauckel, chargé du recrutement de la main-d’œuvre en Allemagne et en Europe occupée, fait paraître un décret afin de mobiliser la main-d’œuvre des pays occupés. Laval, pour maintenir une soi-disant souveraineté nationale, préfère endosser la responsabilité de ces mesures. Il fait donc promulguer la loi du 4 septembre 1942 sur « l’utilisation et l’orientation de la main-d’œuvre », qui étend, de fait, les exigences de Sauckel à la zone dite libre.
La loi est promulguée le 13 septembre. Elle stipule que « toute personne du sexe masculin de plus de 18 ans et de moins de 50 ans, et toute personne du sexe féminin de plus de 21 ans et de moins de 35 ans peut être assujettie à effectuer tous travaux que le gouvernement jugera utile dans l’intérêt supérieur de la nation. » Cette loi, qui ne fait aucune allusion à un possible départ en Allemagne, est cependant responsable de l’envoi de plus de 300 000 ouvriers outre-Rhin. L’époque du volontariat est révolue. On peut dès lors parler de « Relève forcée ». En fait, il s’agit d’une réquisition. Les nazis veulent des spécialistes qui doivent partir pour l’Allemagne par équipes.
A Montluçon, les premières convocations n’ont lieu qu’en novembre 1942. Elles sont fort mal accueillies et seuls dix travailleurs se présentent à la gare le 18. Le mardi 29 décembre 1942, 101 travailleurs forcés partent, cependant, de Montluçon pour l’Allemagne. Le 6 janvier 1943, une manifestation populaire, essentiellement féminine, tente d’empêcher le départ de nouveaux requis pour l’Allemagne. Sur 143 travailleurs, 120 se présentent à la gare et un peu plus de 80 s’échappent. Beaucoup sont très vite repris et doivent se résigner à partir. Une trentaine de requis parviennent, cependant, à échapper aux poursuites. Certains d’entre eux rejoignent les groupes armés qui vont donner naissance aux maquis
Le 6 janvier, on ne parle pas encore de STO, qui n’est mis en place que le 16 février 1943. Le recrutement se fait dès lors par classe d’âge ; il n’est plus professionnel. La nouvelle loi ne se substitue pourtant pas à celle du 4 septembre qui continue de s’appliquer par le biais de commissions qui vérifient le personnel « inutile » des entreprises.
Si la loi du 4 septembre 1942 annonce le STO, elle en est foncièrement différente.




DR